Quand la tempête s'approche... (Sofy)

Jeudi 15 Octobre

14h25

Abords de l’Orphelinat, plage.

Une salle bien vide, dépourvue de meuble, de lumière et de souvenirs… Une pièce sombre et lugubre, illuminée quelques fois par de brefs éclairs qui venaient éclater sur la plage où les vagues se déposaient violemment, annonçant de la sorte une tempête inévitable. Ce lieu, obscur et retiré était le refuge de la petit Sofy, une petite fille de 11 ans. Cette orpheline, aimait se retrouver seule ici, pour invoquer les esprits. C’était son dont : faire appel à ces anciens êtres secrets. Bien qu’encore jeune, Sofy avait déjà conscience de ses talents. Tout ça, elle le devait à sa gouvernante, cette femme aux longs bruns, habillée d’une longue et belle robe noire. Aux premiers abords, la gouvernante pouvait paraître froide et résistante, mais elle était dotée d’une extrême gentillesse et d’une compassion infinie envers les enfants de l’orphelinat et surtout envers Sofy. Elle lui apprit à se servir de ces capacités et l’a encouragée à persister dans cette voie là. Cette personne, qui depuis sa toute jeune enfance veillait sur elle, était très importante aux yeux de Sofy, même si cette dernière n’osait pas l’avouer.
La pluie commença à tomber finement sur la plage où se tenait le merveilleux orphelinat maintenant reconstruit et réaménagée. Le refuge de Sofy se trouvait à plusieurs centaines de mètres de l’orphelinat, et seules la gouvernante et elle en connaissait l’existence.
En voyant des perles d’eau tomber du ciel, la fillette se précipita à l’intérieur de la petite salle sombre et se posta devant l’entrée pour regarder les méandres de la mer maintenant agitée.
Le soleil caché derrière les épais nuages noirs, n’offrait plus une lumière suffisante pour rester plus longtemps ici…

Cachée dans son refuge, Sofy était emerveillée devant les vagues de plus en plus haute. Les nuages noirs cachaient le soleil à présent et il n'était plus très prudent de rester au refuge. Elle mettait son chapeau turquoise sur sa tête et se dirigea lentemement à l'orphelinat. Elle pensait qu'il devait beaucoup avoir d'esprit dans ces eaux agitées. Elle voulait tellement acquérir l'esprit aquatique. Mais elle n'avait pas le droit, la gouvernante lui avait interdit formellement d'acquérir ces esprits alors qu'elle n'était qu'une enfant. Ils étaient trop puissants pour Sofy. Elle pénétra dans la grande salle commune. Presque déserte. Sofy se sentait tellement isolée ici. Elle avait quitté le désir de rester dans cet endroit si magnifique. Elle voulait du nouveau. Elle voulait intégrer une université, une faculté pour pouvoir étudier son don, découvrir la vie. Elle était sans doute trop jeune mais elle ne voulait pas rester et elle esperait que sa gouvernante comprendrait. Sans aucun doute. Seulement est ce que son age si jeune lui permettrait un départ si prématuré? Elle se dirigea vers le bureau et y trouva la gouvernante. Sofy retrouvait le sourire à la vue de sa maman de coeur.

- Maman, je voulais te demander quelque chose à propos de moi. Je t'avais déjà dit que je voulais partir pour voir le monde! J'aimerai tellement partir et découvrir pleins de choses !

Dans ses yeux d'enfants emerveillés, on pouvait lire tout l'enthousiasme et la joie de vivre de Sofy. Elle voulait tant partir et trouver d'autres horizons.

- Tu sais que je partirais pas seul. Tu te rapelles de ce cerf qui mourrait ? Nous l'avions aidé à quitter le monde pour une terre meilleure, et il est mon ami, mon compagnon depuis. Il répond à mes appels et me réconforte. Il n'est pas.. comme les autres ! C'est le seul ami que j'ai.

Sofy savait que sa mère de coeur n'aimait pas trop qu'elle soit si liée au esprit mais la petite enfant avait décidée ainsi. Elle trouvait l'affection qu'elle cherchait auprès de cet esprit.

- Je voudrais partir maman. Je veux découvrir mes dons et je veux te montrer que j'ai réussi !!

La petite fille s'était assise sur le banc qui était face au bureau. Elle regardait sa gouvernante profondément. Elle voulait parvenir à son rêve: découvrir le monde. Et elle se sentait capable de commencer.

La gouvernante, s’avança gracieusement vers la petite Sofy, elle la regarda aussi profondément qu’elle puis vint s’accroupir à son niveau en posant une de ses mains sur ses épaules. Son sourire réconfortant rassurait Sofy qui était toujours aussi admirative devant sa gouvernante. Elle l’appelait maman, car cette femme était l’être qui l’avait protégée et qui l’avait recueillie quelques années auparavant. La gouvernante était, en quelque sorte, la seule famille que Sofy avait.
Elle avait, un jour, cru entendre son prénom, mais elle n’en était pas certaine. C’était lors d’une discussion avec son mari, un homme un peu enrobé, à lunettes qui avait l’air très agréable, mais stricte en même temps. ‘Edéa’. C’était ce qu’elle croyait avoir entendu, mais elle n’en était pas sûre, le doute persistait sur cet aspect de sa gouvernante.
Cette dernière toujours attentionnée et dévouée remit une de ses sombres mèches derrières une oreille et répondit d’une douce et belle voix féminine :

« Sofy, tu es sûre de toi ? Je veux dire, tu as le temps, tu es jeune, tu as toute la vie devant toi… »

La belle brune semblait vouloir retenir sa petite protégée. Si celle-ci l’appelait Maman, ce qu’elle ignorait, c’est que la gouvernante la portait dans son cœur, comme sa vraie fille.
Ses yeux perçants lisait l’âme de la fillette, et elle savait que celle-ci était déterminée à accomplir son objectif : découvrir le monde….

Sa mère la regardait d'un air tranquille, comme toujours. Sofy savait qu'elle ne serait pas trop d'accord à l'idée de partir. Sofy avait mis ses mains dans poches et regardait par terre, les joues rosies par sa demande timide. Sans doute elle était trop jeune. Mais elle le voulait.

- Oui mais maman.. Je voudrais tellement découvrir des choses nouvelles. Je ne m'amuse plus ici... Je serais en sécurité et je ferais attention à moi maman.. S'il te plaît..

Sofy leva le regard vers sa mère. Elle voulait tellement, elle savait qu'elle lui manquerait mais elle viendrait de temps en temps à l'orphelinat. Le sourire rassurant de sa gouvernante, Sofy attendait tellement une réponse allant dans son sens.

* Dit oui maman ... *

Yeux dans les yeux, la scène semblait d’être figée, un petit blanc s’installa avant que la sombre gouvernante ne se relève. Ses longs cheveux valsèrent dans les airs, emportant par la même occasion quelques poussières posées sur le sol de marbre. Elle se posta devant une grande fenêtre qui donnait sur la mer déchaînée. Un éclair vint illuminer la salle lorsqu’ Edéa se retourna pour en revenir à Sofy. Elle sourit de nouveau et lui répondit gentiment :

« Que peut-on refuser à une si mignonne petite fille ? Sofy… Je vois que tu es très motivée, je ne suis pas sûre que tu sois prête, mais on n’a rien sans rien, c’est pourquoi j’accepte que tu partes découvrir le monde… Tu veux aller dans une Université n’est-ce pas ? Mais laquelle ? »

La gouvernante semblait prête à aider Sofy, bien qu’elle n’approuve pas totalement son choix, elle le respectait…